L’ABRAFP – Une école brésilienne qui pense l’humain : entre philosophie et psychanalyse
- ABRAFP

- 29 de out.
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Introduction : quand la pensée traverse les frontières
Au Brésil, il existe une institution rare, singulière, née du dialogue entre la rigueur de la philosophie et la profondeur de la psychanalyse : l’ABRAFP – Associação Brasileira de Filosofia e Psicanálise. Depuis plus d’une décennie, elle cultive une vision humaniste, critique et libératrice du savoir, tout en bâtissant des ponts entre les traditions européennes du penser et les réalités latino-américaines de l’existence. Son fondateur, Deivede Eder Ferreira, psicanalyste, écrivain et chercheur, a conçu la ABRAFP comme un espace de liberté intellectuelle, un lieu de résonance entre Freud, Socrate et le monde contemporain. Loin d’être un simple centre d’études, la ABRAFP s’est affirmée comme une école de formation et de transformation, une communauté d’esprits curieux cherchant à comprendre le sujet dans sa profondeur et sa complexité.
Une histoire qui commence avec un rêve : unir la philosophie et la psychanalyse
Tout commence avec une intuition simple mais révolutionnaire : la psychanalyse, pour être pleinement comprise, doit dialoguer avec la philosophie. Car Freud, avant d’être le père de la psychanalyse, fut un lecteur attentif de Nietzsche, de Schopenhauer, de Goethe et des tragédies grecques. Deivede Eder Ferreira, conscient de cette racine philosophique du travail freudien, décide de créer une école où la théorie de l’inconscient ne serait pas réduite à une technique clinique, mais réhabilitée comme une pensée sur le destin humain, la culture, la morale et la liberté.
Ainsi naît l’Association Brésilienne de Philosophie et de Psychanalyse (ABRAFP), une institution dédiée à l’étude des fondements philosophiques et épistémologiques de la psychanalyse. Son objectif est double : former des penseurs capables de lire Freud à la lumière de la philosophie, et former des philosophes capables d’écouter l’inconscient.
Une institution ouverte à la culture et à la société
L’ABRAFP ne se limite pas aux cercles académiques. Elle est profondément engagée dans la diffusion du savoir à travers des cours libres, séminaires, conférences et cycles d’études qui mêlent théorie et vie quotidienne. Ses programmes visent à rendre la psychanalyse accessible, non pas en la simplifiant, mais en la traduisant dans le langage du monde contemporain.
La philosophie y est comprise non comme une abstraction, mais comme un exercice éthique : une manière de penser pour mieux vivre. La psychanalyse, quant à elle, y est vue comme une expérience du sujet, un chemin vers la lucidité et la liberté intérieure. Ensemble, elles offrent une véritable éducation de l’âme — un espace où la parole retrouve sa puissance symbolique, où la culture devient soin, et où penser, c’est aussi guérir.
L’universalité d’un projet brésilien
La ABRAFP est née au Brésil, mais elle ne s’y limite pas. Grâce à la publication d’ouvrages de référence, tels que le Dictionnaire de Psychanalyse : Sigmund Freud (en anglais) 📘 disponible ici, l’institution s’est ouverte à un public international. Ce travail de traduction et de diffusion s’inscrit dans une mission plus vaste : rendre la psychanalyse lisible pour le XXIe siècle, tout en respectant sa profondeur et sa complexité.
En publiant ses œuvres en anglais, la ABRAFP propose un dialogue entre la culture brésilienne — riche en contradictions, passions et métissages — et les traditions intellectuelles du monde. C’est une manière de dire : le savoir n’a pas de frontières, il a des résonances.
Une communauté de chercheurs et d’enseignants engagés
Aujourd’hui, la ABRAFP réunit des psicanalystes, philosophes, psychologues, éducateurs et artistes répartis dans tout le territoire brésilien et au-delà. Chaque membre partage la conviction que la transformation de la culture commence par la transformation du regard. Les enseignants de la ABRAFP ne forment pas seulement des analystes : ils forment des lecteurs du monde, des êtres capables d’écouter les mots et les silences de la civilisation.
L’institution a également établi partenariats académiques et culturels avec des maisons d’édition, des universités et des plateformes internationales. Ce réseau de collaborations contribue à enrichir la formation et à ouvrir la réflexion sur les liens entre le savoir, la technique et l’humanité.
Une pédagogie de la liberté
Ce qui distingue la ABRAFP des autres écoles psicanalytiques, c’est son engagement pour une pédagogie de la liberté. Apprendre n’y signifie pas accumuler des notions, mais déplier un regard sur soi-même et sur le monde. Les étudiants sont invités à questionner, à douter, à traverser les paradoxes — car la vérité, en psychanalyse comme en philosophie, ne se donne jamais toute entière.
Chaque cours est pensé comme une expérience vivante. Les enseignants y mêlent la lecture des grands textes — Freud, Lacan, Nietzsche, Platão, Sartre, Foucault — à l’analyse de situations contemporaines : les réseaux sociaux, le consumérisme, les angoisses modernes, le déclin des idéaux. Ainsi, l’ABRAFP maintient le lien entre la théorie et la vie, entre le concept et le désir.
Freud et Socrate : deux visages d’une même quête
Au cœur du projet de la ABRAFP se trouve une idée forte : Freud et Socrate ont cherché la même chose, chacun à sa manière. Socrate, en questionnant, voulait accoucher l’âme de la vérité qu’elle portait. Freud, en écoutant, voulait accoucher le sujet de son inconscient. Tous deux croyaient à la puissance de la parole, à la nécessité de traverser l’ignorance et le mensonge intérieur pour atteindre une forme de liberté. L’un a dit : “Connais-toi toi-même.” L’autre a montré que cette connaissance passe par le détour du désir et du refoulé.
C’est cette continuité que la ABRAFP explore : la psychanalyse comme héritière de la philosophie, et la philosophie comme écoute de l’inconscient collectif.
Un mouvement de pensée, pas seulement une école
L’ABRAFP est aujourd’hui un véritable mouvement de pensée. Ses publications, ses recherches et ses cours visent à nourrir une réflexion critique sur la civilisation contemporaine :
Comment penser le sujet à l’ère de l’intelligence artificielle ?
Que devient le désir dans une société de performance ?
Comment préserver l’humanité face à la technicisation des relations ?
Ces questions, loin d’être abstraites, sont au centre du travail institutionnel. Chaque projet de la ABRAFP naît d’une préoccupation éthique : comprendre ce qui, dans le monde actuel, met le psychisme à l’épreuve.
Une éthique de la transformation
L’un des principes fondateurs de la ABRAFP est la croyance dans la transformation par la culture. Changer le monde, c’est d’abord changer la manière dont nous le pensons. Et pour cela, la psychanalyse et la philosophie sont des outils privilégiés. Elles permettent de sortir du conformisme intellectuel, de retrouver une pensée propre, authentique, singulière. Elles rappellent que le savoir véritable n’est pas accumulation, mais travail sur soi.
Ainsi, la ABRAFP considère chaque étudiant, chaque lecteur, chaque auditeur, comme un sujet en devenir — porteur d’une vérité unique à révéler.
La mission universelle : penser pour mieux aimer
En fin de compte, la mission de la ABRAFP n’est pas seulement d’enseigner, mais de réconcilier : le savoir et l’amour, la raison et le désir, la lucidité et la tendresse. Penser, c’est aussi aimer autrement. La psychanalyse nous apprend que la connaissance du soi n’est pas froide ni distante : elle est un acte d’amour. Et la philosophie nous rappelle que la sagesse consiste à apprendre à aimer le monde, malgré sa douleur.
L’ABRAFP incarne cette double vocation : penser pour aimer, aimer pour comprendre.
Conclusion : un héritage vivant
Aujourd’hui, la ABRAFP poursuit son œuvre avec la même passion qui l’a fondée. Deivede Eder Ferreira et son équipe — dont fait partie la psicanalyste Ariana Morgado Ribeiro et le psychologue Fabrício Paes Leão — continuent de semer le savoir comme on sème une graine de liberté.
Leur message traverse les langues, les frontières et les écrans :
“Toute connaissance commence par une catharsis intellectuelle et affective.”
Ce que propose la ABRAFP, ce n’est pas seulement une formation.
C’est une traversée.
Une expérience humaine.
Un retour vers la profondeur.


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